cécile guettier

you don’t own me



from January 29 to February 26
opening on Saturday, January 29 from 2pm to 8pm


\ du 29 janvier au 26 février
vernissage le samedi 29 janvier de 14h à 20h

 

Photos : Jérôme Michel

 

FRENCH BELOW


Cécile Guettier's works, in every aspect, never fail to move. Her immediately recognizable universe and strokes create a signature that is at once generous, complex and intriguing, taking the visitor on a grotesque odyssey. But the world that reveals itself is an uncertain place. Each being we see there seems to want to escape from it or to fight tooth and nail in a reckless bid to acclimatize.

At first the strokes seem uncontrolled, instinctive, disproportionately alive. Then, as we approach this strange world, we perceive the gaudy, utterly dismembered fauna, their bodies out of proportion, limbs dislocated. Some of the characters have adapted to their conditions, their sensible attitudes reconciling with their colourful splendour.

Others try to break out of the frame in an absurdly exaggerated quest. They find themselves in complex and inextricable situations, but the artist uses the title of the exhibition to promise them all a favorable outcome, the emancipatory injunction opening the door to another world, better adapted to their infirmities.

They can finally speak out and free themselves from restrictive boundaries. And, ultimately, they belong neither to the artist nor to the viewer. They throw off the shackles of any sort of therapeutic motivation and, despite their dreamlike profile, serve neither as outlet nor catharsis. They have their own stories, their own acidic, twisted world. But should we let them escape from the frame?

"In a joyous autophagy, the figures swallow each other voraciously in a rush of brawling and androgynous sexuality. An intermingling made possible by the tight framing, enclosing the bodies between four walls like a genie in its lamp. [...] Failing to fit into the space, they display their awkwardness alongside an unashamed freedom of action.” Elora Weill-Engerer

These beings tell a strange story, fabulous and otherworldly, rooted in both dreams and nightmares. Their highly exaggerated expressions are reminiscent of the theatrical art of antiquity or commedia dell'arte masks, half pantomime, half butoh. Chimeras and gargoyles caress each other, devour each other, scuffle with each other, intermingling in a hurricane of bright colors and turbulent lines. The profusion of colors reassures us in the face of these peculiar characters with their frightening faces. The colors confront each other in a riot of luxuriant lurching motions. Each work radiates an enthralling energy, inviting us to discover the next one.

Cécile Guettier graduated from the Ecole Supérieure des Beaux-Arts in Nantes Métropole in 2018. She was selected for the Emerige 2021 Revelations Grant and has won the Villa Noailles Prize.

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Les œuvres de Cécile Guettier ne laissent pas indifférent, à aucun point de vue. Immédiatement reconnaissables, son univers et son trait présentent une signature à la fois généreuse, complexe et intrigante qui conduisent le visiteur vers une odyssée ubuesque. Mais c'est un monde incertain qui se présente, dont chaque être semble vouloir soit s'échapper, soit tenter de s'acclimater avec acharnement et impétuosité.

D'abord le trait semble incontrôlé, instinctif, démesurément vivant. Puis, en s'approchant de ce monde étrange, on apprivoise une faune bigarrée et inconditionnellement démembrée, aux corps disproportionnés et aux membres disloqués. Certains personnages se sont acclimatés à leurs conditions et la sagesse de leurs attitudes transigent avec leurs fastes de couleurs.

D'autres tentent de sortir du cadre dans une quête absurdement exagérée. Ils se retrouvent dans des situations complexes et inextricables mais l'artiste, à travers le titre de l'exposition, leur promet à tous une issue favorable, par le biais de cette injonction libératoire, sorte de sésame vers un autre monde plus adapté à leurs informités.

Ils peuvent enfin prendre la parole et s'affranchir d'un cadre étriqué. Et finalement, ils n'appartiennent ni à l'artiste, ni au spectateur. Ils s'émancipent de toute volonté thérapeutique, et malgré leur profil onirique, ne sont ni un exutoire, ni une catharsis. Ils ont leurs propres histoires, leur propre monde acide et biscornu. Mais devons-nous les laisser s'échapper du cadre ?

« Au sein d’une joyeuse autophagie, les figures s’avalent avec voracité, dans un élan de bagarre ou de sexualité androgyne. Un entremêlement permis par le cadrage serré, enferment les corps entre quatre murs comme un génie dans sa lampe. [...] Inadaptés à l’espace, ils déploient en même temps que leur gaucherie une liberté  d’action sans-gêne. » Elora Weill-Engerer

Ces êtres racontent une histoire étrange, fabuleuse et onirique, à la fois rêveuse et cauchemardesque. Leurs expressions très exagérées relèvent de l'art théâtral antique ou des masques de la commedia dell'arte, entre pantomime et butō. Chimères et gargouilles se caressent, se dévorent, s'écharpent, s'entremêlent dans un ouragan de couleurs vives et de traits turbulents. C'est d'ailleurs cette profusion de couleurs qui rassure face à ces personnages singuliers aux visages effrayants. Les coloris se confrontent les uns aux autres dans une débauche de saccades luxuriantes. Et une énergie obsédante se dégage de chaque œuvre, invitant à découvrir la suivante.

Cécile Guettier est diplômée de l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole, en 2018. Elle était sélectionnée à la Bourse Révélations Emerige 2021. Elle est récipiendaire du Prix Villa Noailles.

 


video : Guillaume Diamant-Berger